Handicap, genre et précarité professionnelle : parcours biographiques et réception de l’action publique

Ce projet de recherche participatif a été mené entre 2020 et 2022 au CRIS et au LIEPP sous la direction d’Anne Revillard en partenariat avec 6 associations du secteur du handicap :  Agefiph, APF-France handicap, Femmes pour le Dire Femmes pour Agir (FDFA), Fibromyalgie France, Accompagner, promouvoir et intégrer les déficients visuels (apiDV), LADAPT. Mathéa Boudinet réalise sa thèse dans ce cadre, et a réalisé l’essentiel du travail de terrain et d’analyse statistique. Juliane Anger, Léo Le Roux, Aline Tertre et Julia Vidal ont également participé à ce projet.

La recherche a été financée par la FIRAH, l’Agefiph, la Fondation MAAF Initiatives et Handicap, la Croix Rouge Française, dans le cadre de l’appel à projets 2019 “Handicap et précarité” de la FIRAH.

L’éloignement vis-à-vis du marché du travail constitue une source essentielle de précarité socio-économique des personnes handicapées. Les ressorts de cette mise à distance sont complexes, incluant le défaut ou l’inadéquation de la formation, l’effet du handicap sur la capacité de travail, les freins environnementaux à la mobilité, les discriminations, le manque d’accompagnement vers et dans l’emploi, les aménagements insuffisants. Pour les femmes handicapées, cette marginalisation est redoublée par les effets du système de genre (socialisation différenciée, inégalités dans le travail domestique et parental, environnements professionnels sexistes…). La Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées identifie là un public spécifique victime de discriminations multiples.

Cette recherche visait un double objectif : une meilleure connaissance des facteurs de précarisation professionnelle des femmes handicapées, et l’identification de pistes d’amélioration de l’action publique à partir de l’expertise expérientielle des personnes. Le principal outil méthodologique du projet est la réalisation d’entretiens biographiques approfondis avec des personnes présentant des incapacités physiques ou visuelles et ayant traversé des épisodes de précarité professionnelle.

L’originalité de ce projet est triple : par son approche de l’articulation entre handicap et précarité professionnelle à partir de méthodes mixtes, combinaison de méthodes quantitatives (identification de grands indicateurs, statistiques descriptives) et qualitatives (entretiens semi-directifs)  ; sur le plan du design de recherche qui relève d’une approche profondément compréhensive plaçant au premier plan de l’analyse l’expérience des personnes ;  et par la focale qu’il propose sur l’articulation entre genre et handicap dans l’analyse des situations de précarité professionnelle et de la réception de l’action publique. Une dimension encore rarement investiguée de façon systématique dans l’analyse des politiques du handicap, notamment en matière d’emploi en combinant les données de cadrage quantitatives issues de l’Enquête emploi et les entretiens biographiques.

Cette recherche a donné lieu à la publication d’une revue de littérature, d’un rapport final et de différents supports d’application disponibles sur le site de la FIRAH.

Un ouvrage en open access a été publié en 2022 à partir d’entretiens biographiques réalisés dans le cadre de cette recherche : Mathéa Boudinet et Anne Revillard (dir.) Portraits de travailleuses handicapées. Québec: ESBC/Collection Portraits de femmes

Une journée de restitution et d’échanges « Handicap, genre et emploi : regards croisés » a été organisée en clôture du projet le 8 novembre 2022 (co-organisation CRIS-LIEPP, Sciences Po).